Lectures de Guillaume Musso

Je m’apprêtais ce matin à corriger un article sur le solanum. Ma foi, une bien jolie plante avec des fleurs gracieuses et aériennes dans les tons de bleu, mauve ou blanc. Le hasard d’un petit tour sur Internet m’a fait tomber sur une interview de Guillaume Musso sur le Figaro.fr : http://www.lefigaro.fr/livres/2012/01/18/03005-20120118ARTFIG00583-guillaume-musso-je-n-ai-ni-recette-ni-methode.php

Cet auteur de best-sellers est interviewé parce qu’il est  le plus gros vendeur français de livres cette année. Il bat Marc Lévy de 66 000 exemplaires environ.
Voici la liste des ventes donnée par Le Figaro :
Guillaume Musso, 1.567.500 exemplaires
Marc Levy, 1.509.000 exemplaires
Katherine Pancol, 1.213.000 exemplaires
David Foenkinos, 967.000 exemplaires
Fred Vargas, 790.500 exemplaires
Tatiana de Rosnay, 674.000 exemplaires
Delphine de Vigan, 519.500 exemplaires
Françoise Bourdin, 470.000 exemplaires
Amélie Nothomb, 429.500 exemplaires
Maxime Chattam, 421.500 exemplaires
L’intitulé de la vidéo m’a fait penser à ce livre que j’ai lu récemment publié chez Flammarion Une histoire de best-sellers de Frédéric Rouvillois. Le livre m’avait plutôt déçue car il n’apportait aucune véritable analyse sur le best-seller étant davantage un catalogue de tous les types de grosses ventes avec des anecdotes et des chiffres de vente. Mais l’auteur judicieusement expliquait qu’il était impossible de dire comment on pouvait faire un best-seller. Les auteurs ayant essayé de livrer des recettes n’ayant jamais fait vraiment recette… D’ailleurs si un auteur détenait le secret il écrirait des best-sellers plutôt que des livres sur les secrets de fabrication.
Donc bien sûr pour la unième fois (car on lui pose à chaque fois la question, comme on la pose à Lévy (Marc pas BH), Chattam et cie). Guillaume Musso a expliqué qu’il n’avait ni recette ni méthode. La plupart des auteurs de best-sellers répondent exactement les mêmes choses aux questions que tous les journalistes leur posent. J’ai remarqué également qu’un auteur de best-sellers ne dit jamais du mal des autres auteurs de best-sellers ainsi Guillaume Musso a-t-il dit que parmi ses lectures favorites figuraient Maxime Chattam et Fred Vargas. Chez les best-sellers, pas de polémiques, pas d’attaques, pas de soupçons de plagiat moral comme chez les femmes de lettres de Saint-Germain-des-Près. L’auteur de best-sellers doit être un auteur gentil : il est habillé classique, il a les cheveux bien coupés, souvent une petite barbe de quelques jours pour la touche bohème. Le gendre idéal qui aime faire plaisir à la ménagère, qui pense à ses lecteurs et se garde de tout sentiment de jalousie, de prétention à l’égard du monde littéraire.
Guillaume Musso est un grand sentimental comme dit Dominique Guiou chargé de l’interview.
J’ai bien ri lorsque Musso a déclaré : « j’écris le livre que j’aimerais écrire »… Serait-ce un petit lapsus révélateur ?
Ensuite il a expliqué qu’il prenait un an à un an et demi pour écrire ses livres mais que souvent c’était des histoires qui avaient mûri dans son esprit pendant des années. Cette fois j’ai souri en songeant à Stendhal qui a écrit ou plutôt dicté La Chartreuse de Parme en une soixantaine de jours après l’avoir mûri pendant plusieurs décennies. Guillaume Musso a ainsi expliqué que son dernier livre L’Appel de l’ange était lié à une histoire qui lui était arrivée (car il arrive toujours beaucoup choses aux écrivains) : un jour il a échangé son portable dans un aéroport.
Il a ensuite eu l’idée de faire un roman mêlant suspense et comédie romantique. Le mot romantique m’a un peu fait grincer des dents tout en me faisant à nouveau sourire. Je me suis représenté Victor Hugo ou Alfred de Musset en habits du XIXe siècle perdus dans la foule de Roissy tâtant leur poche en se demandant où se trouve ce petit boîtier magique grâce auquel ils peuvent parler à leur maîtresse…
Ensuite Dominique Guiou lui a dit : mais un écrivain c’est d’abord un lecteur ! Musso a expliqué  (ou plutôt répété) que bien sûr il avait toujours aimé lire parce que sa mère était bibliothécaire (comme si tous les enfants dont les parents exerçaient un métier autour du livre étaient censés aimer lire). Bref, depuis 13-14 ans il est « accro à la lecture ». Je ne sais pas mais je me suis dit qu’un vrai lecteur ne dit pas qu’il est accro à la lecture. C’est une tournure qui fait faux. Il a dit beaucoup de bien des auteurs de policiers français (toujours cette politique de non-agression entre auteurs de best-sellers). Citant Grangé, « un maître » dans le domaine Chattam et Thilliez.
Il a poursuivi en disant qu’il lisait aussi « des romans entre guillemets plus littéraires ». Là on voyait bien qu’il ramait un petit peu :  il était un peu hésitant comme un élève qu’on interroge à l’oral et qui a révisé au dernier moment. On avait l’impression que le nom de David Grossman était enfoui au fin fond de son cerveau et qu’il peinait à sortir. Je suis peut-être un peu injuste, après tout peut-être son hésitation était-elle liée à l’émotion que provoque la littérature, entre guillemets !!
Ensuite très curieusement il a dit qu’il avait relu récemment Annie Ernaux sortie en collection Omnibus (en fait c’est en Quarto mais ce n’est pas pour mettre sa parole en doute). Il a précisé l’avoir découverte en faisant des études de sociologie. Je ne sais pas si c’est vraiment très flatteur pour Ernaux…
Dominique Guiou a conclu en lui disant : bref vous est un grand lecteur n’hésitant pas à lire David Grossman qui fait près de 1000 pages. N’exagérons pas tout de même l’exploit de Guillaume Musso le roman La femme fuyant l’annonce ne faisant que 666 pages.
Je me moque ce n’est pas très gentil car ensuite Musso nous a expliqué que son roman préféré était très long Le Prince des marées de Pat Conroy (j’ai dû chercher sur Amazon des informations sur l’auteur et le livre de 1069 pages que je ne connais pas du tout). Donc Musso a précisé que les livres qui l’avaient le plus marqué étaient toujours des romans longs (il est vrai que chez les accros de lecture l’épaisseur est un argument utilisé pour prouver leur passion et prouver la qualité d’un auteur qui a eu le courage de tartiner des centaines et des centaines de pages. C’est peut-être oublier un peu vite que la brièveté est parfois plus difficile).
Guillaume Musso a conclu par son choc littéraire à 18 ans : Belle du seigneur autre roman très long (que Cohen a mûri des décennies). Il a expliqué avec un sourire un brin coquin que ce roman lui avait appris beaucoup de choses sur les femmes…. Ariane, son modèle de femme ???
Finalement ces 7 minutes de vidéo m’ont divertie. Divertir ses lecteurs n’est-ce pas le but de Guillaume Musso ? Sans doute le divertissement qu’il m’a procuré par ses paroles d’une qualité littéraire et intellectuelle extraordinaires n’est-il pas celui auquel il songe mais après tout seul compte le résultat,  non ?
Sur ce, je retourne cultiver mon jardin.

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8 commentaires pour Lectures de Guillaume Musso

  1. Sophielit dit :

    Et bien moi, c’est ton billet sur cette interview (et finalement ce classement) sans surprises qui m’a divertie ! Merci pour ce rayon de soleil !

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  2. arianecharton dit :

    Merci Sophie ! je crois que c’est le seul billet où je citerai autant d’auteurs de best-sellers !

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  3. Marie-Laure dit :

    🙂 Merci Ariane…

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  4. Régis dit :

    En voilà un qui est habillé pour l’hiver!… Avec raison, je crois, même si cet auteur m’est totalement inconnu. Ce qui est regrettable, c’est que la question de la vente (ah! ces chiffres vertigineux!…) semble primer sur la qualité littéraire de l’oeuvre (enfin, du produit…). Dommage…

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  5. Marmotte dit :

    Je n’ai jamais lu Musso (ou alors je ne m’en souviens pas) et n’en lirais certainement pas de sitôt, mais ton article m’a beaucoup fait sourire…et m’a donné envie de relire La Chartreuse de Parme, en fait!

    Bon week end à toi!

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  6. aymeric p dit :

    J’ai été surpris que tu titres sur Musso, mais je comprends mieux en lisant le billet ! 🙂
    ca fait plusieurs fois que des gens, me voyant écrire sur un notebook en terrasse, m’ont demandé si par hasard je n’étais pas guillaume musso… Il faudrait que je me mette au thriller !

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